Visiter une foire dédiée à l’art ou un salon professionnel sur l’immobilier de luxe depuis son canapé n’est plus une fiction. Dans le contexte de la pandémie, les foires virtuelles ont connu un boom et certains spécialistes n’hésitent pas à sonner le glas des formats traditionnels.
Plusieurs foires et salons internationaux ont basculé vers des tenues en ligne durant ces dernières années. En juin, Art Basel a ainsi invité les visiteurs à déambuler dans des salles d’exposition virtuelles. De grands événements, à l’instar du salon dédié aux Jeux vidéo Gamescom ou de la foire du livre de Francfort, mais également de plus petits, comme le salon étudiant Poly-E-Fair de l’École polytechnique fédérale de Zurich, ont misé entièrement ou partiellement sur les canaux numériques.
Cette année, lors de son édition numérique, Art Basel a attiré 230’000 visiteurs, amateurs d’art, collectionneurs ou galeristes, un chiffre plus élevé que le nombre de participants à l’édition physique de 2019. Au total, environ 400 œuvres d’art d’une valeur comprise entre 500 et 10 millions de dollars (9,3 millions de francs) étaient exposées. Les organisateurs n’ont toutefois pas indiqué combien d’œuvres s’étaient effectivement vendues sur le salon.
Les organisateurs de la foire Home-E-Fair veulent également vendre. Mais pour des achats immobiliers qui se chiffrent en millions, il faudra un peu plus qu’une visite virtuelle pour effectivement conclure une transaction, selon Michael Meier.
Pour le spécialiste Michael Betz, des biens d’investissement comme des villas de luxe ou des œuvres de Jeff Koons pourraient à l’avenir changer de mains lors de foires virtuelles. «Il y a vingt ans, cela était impossible que les gens achètent en ligne des biens aussi chers qu’une voiture par exemple. De nos jours, plusieurs acheteurs prennent leur décision après des recherches en ligne et récupèrent leur voiture chez le concessionnaire sans même l’avoir essayée.», explique-t-il.
Pour le salon Home-E-Fair, l’objectif est plutôt d’échanger et de nouer de nouveaux contacts. Les participants peuvent ainsi discuter des tendances et des défis actuels sur le marché immobilier. Vendre n’est pas l’objectif premier de toutes les foires, confirme Michael Betz, l’idée étant plutôt d’approcher des clients potentiels, ce qui est tout à fait possible en ligne.
« En ligne, les chiffres ne mentent pas », souligne Michael Betz. « Les clients sérieusement intéressés laissent leurs coordonnées ». Le bon grain est ainsi automatiquement séparé de l’ivraie, dans la mesure où les pique-assiette qui ne sont là que pour les petits-fours et les petits cadeaux ne sont pas présents.
Avec la pandémie de coronavirus, le changement de paradigme, qui était latent, accélère, explique Michael Betz. «J’irai même plus loin en affirmant que beaucoup de salons qui ont été annulés cette année ne se tiendront plus jamais sous la forme qu’ils avaient jusqu’à présent».
Le comportement des consommateurs change, alors que les jeunes générations, qui ont grandi avec les nouvelles technologies, intègrent progressivement le monde du travail. Les formats de salons s’appuyant sur de gigantesques infrastructures ne sont tout simplement plus dans l’air du temps, selon le spécialiste.